
Pour leurs déplacements en période de pandémie, les Français ressortent la voiture du garage et fuient la promiscuité des transports en commun.
L'intervention du président de la République hier ne changera rien à la tendance engagée. Au contraire même, elle va encourager les usagers à réviser drastiquement leurs stratégies de déplacement et, s'ils restent nécessaires, à délaisser les transports en commun à risque au profit de l'automobile. En dépit des désagréments qui ont été dressés pour restreindre son usage – trafic sciemment sclérosé, coût des carburants, prix du stationnement, etc. –, les usagers signent massivement pour l'usage de la voiture dont la bulle protectrice prend une signification nouvelle en période de pandémie.
Outre le fait qu'on a la sensation d'être déjà chez soi lorsqu'on met le contact, l'automobile dresse une carapace protectrice contre les agressions extérieures et, a fortiori, la pollution ambiante et la propagation des virus, filtrés par les systèmes de climatisation. Les mêmes atouts du transport individuel sur les transports en commun lorsqu'il faut affronter des grèves ressurgissent de façon éclatante et inattendue avec la pandémie.
Les Français sont, selon un sondage de l'association 40 Millions d'automobilistes auprès de ses sympathisants, plus de quatre sur cinq (82,3 %) à préférer la voiture comme moyen de transport favori, contre 7 % pour la moto, 5,4 % la marche et 3,6 % le vélo. Un raz de marée pour le transport individuel au détriment du collectif vécu comme une contrainte et qui attise, dans le cas présent, toutes les craintes. Le bus arrive ainsi en dernière position avec 0,26 % des voix, ce qui confirmerait une véritable répulsion à l'égard des transports en commun face à une épidémie favorisant les initiatives individuelles.
Méfiance à l'égard du covoiturage
Si 50 % des sondés (10 058 personnes questionnées de plus de 18 ans entre le 5 et le 10 mars) craignent en cas d'épidémie les transports en commun et 35 % ne s'en inquiètent pas, ils sont au moment de se déplacer 62 % à privilégier la voiture. Mais pas à la partager avec un inconnu ce qui, pour près de 48 % des sondés, menace le développement du covoiturage qui a pourtant explosé ces derniers mois avec les grèves des transports.
En revanche, les Français sont partagés sur le bien-fondé de fermer l'accès aux transports en commun. 42 % estiment que leur fermeture partielle ou totale est opportune, alors que 39 % sont d'un avis contraire. Pour autant, les ventes de véhicules seront-elles affectées par la présence du coronavirus ? Ils sont à peu près à égalité pour se diviser sur la question : 40 % pensent que le Covid-19 aura un impact sur ces ventes, 39 % estiment que non.
Prise de conscience variable des Français
À ce stade, l'impact sur la baisse des prix à la pompe des carburants n'a pas entraîné de changement de stratégie lié à ce qui pourrait être un effet d'aubaine. Si près de 60 % des personnes ayant répondu au sondage ont constaté cette baisse, seulement 18 % en ont réellement profité ou estiment que cela a ou aura un effet positif sur leurs déplacements.
Justement, et cela démontre la prise de conscience très variable des Français face au Covid-19, 78 % n'entendent pas limiter leurs déplacements. « Cela peut s'expliquer par les contraintes professionnelles, car chaque Français(e) doit pouvoir se rendre à son travail, ce qui est d'autant plus compliqué pour les populations rurales. Ensuite, 94 % prétendent ne pas avoir roulé plus depuis l'apparition du coronavirus », explique 40 Millions d'automobilistes.
L'association, en pointe sur le retour aux 90 km/h sur les routes passées à 80 km/h, constate en revanche que ce sujet très porteur a été éclipsé par cette crise sanitaire. Une façon de dire que lorsqu'il reviendra au premier plan, le coronavirus aura été réglé. Mais sans doute pas durablement éradiqué.
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