Caisse qu’on se marre ! Comment continuer à vendre du rêve alors que la voiture individuelle – thermique ou électrique – est toujours plus vertement critiquée ? Petit florilège des initiatives fantaisistes imaginées par les exposant·es du Mondial de l’automobile, qui a ouvert ses portes à Paris lundi 17 octobre.
S’illusionner à grand renfort de greenwashing
« Voiture verte », « énergie propre », ou encore « vivez le plein air »… Pour son grand retour après deux ans d’interruption, le salon de l’auto a subi un gros coup de peinture verte. Pour cette édition placée sous le signe d’une « révolution en marche », tout est fait pour que les visiteur·ses puissent imaginer l’avenir sans abandonner la voiture individuelle. On y martèle que le bilan carbone de la voiture électrique est cinq fois inférieur à celui du véhicule thermique, sans rappeler que les conditions ne sont souvent pas réunies. Le bénéfice – réel – serait moindre, comme nous l’avons expliqué dans le dernier Vert du faux.

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La mythique 4L transformée en SUV électrique
Difficile de retrouver les traits du célèbre pot de yaourt des années 1960 dans l’énorme modèle proposé par Renault en version électrique. Couvert de plastique et de plexiglas, le concept dispose d’un moteur de 100 kilowattheure (kWh) alors même que l’Agence de la transition écologique (Ademe) considérait la semaine dernière qu’au-delà de 60 kilowattheure l’intérêt environnemental de l’électrique n’était pas garanti. Une voiture à rebours de la sobriété qui nécessite de réduire la taille des véhicules pour en diminuer l’impact environnemental. « Le concept présenté au salon est toujours plus impressionnant, on attend le retour client », se défend-t-on sur le stand de présentation. La version définitive est attendue en 2025.

Des voitures plus équipées que les avions
« Il y a désormais plus de ligne de codes dans une voiture que dans n’importe quel avion ». À l’heure des pénuries de semi-conducteurs, le salon se vante de proposer des véhicules toujours plus connectés. Interface tactile pour surfer sur les réseaux, aides à la conduite en tout genre et autres gadgets ne cesse de s’additionner pour convaincre les consommateur·rices de renouveler leurs véhicules. Dans son nouveau modèle à hydrogène, Hopium propose par exemple un « écran déployé sur toute la largeur du véhicule [qui] se transforme au gré des envies, dans un mouvement de vague ». Rien n’est trop beau pour donner l’illusion d’un modèle nature au volant. Les objets connectés émettent de grandes quantités de gaz à effet de serre lors de la production. Un comble quand on sait que la voiture – et donc ses services – restent inutilisées et à l’arrêt en moyenne 95 % du temps.

Fini les SUV, place aux HUV
Pour la première fois en France, le public peut précommander des véhicules à hydrogènes qui seront livrés en 2025 par les constructeurs Hopium ou NamX. Sur le salon, si l’hydrogène est présenté comme une « énergie propre », qui « fait aujourd’hui consensus au sein de la communauté scientifique », sa production reste très énergivore et elle dépend encore largement des énergies fossiles à travers le monde (Vert). Côté sobriété, on repassera : le Mondial fait la part belle à des SUV mastocs rebaptisés Hydrogen Utility Vehicule (HUV), pour faire oublier le triste bilan de ce type de véhicules : la mode des SUV, beaucoup plus lourds que leurs aînés, constitue aujourd’hui la seconde cause d’augmentation des émissions de gaz à effet de serre sur la planète, a alerté l’Agence internationale de l’énergie.

Le bio-éthanol, une solution miracle du passé ?
Au milieu des gigantesques halls d’exposition, le salon propose un « village bioethanol » agrémenté de nombreuses plantes vertes et de constructions en bois ; de quoi mobiliser tous les imaginaires liés à la nature. Depuis de nombreuses années, le combustible produit à partir de céréales et betteraves est pourtant largement contesté. En concurrence avec la production alimentaire et pouvant participer à la déforestation, les biocarburants sont limités à 7% de la consommation d’énergie dans les transports, depuis 2015 dans toute l’Union européenne.

Pour compenser l’empreinte carbone du salon, la marque Dacia a heureusement trouvé La solution, en proposant des bornes de collectes pour recycler les bouteilles en plastique en planches de surf éco-responsables. Nous sommes sauvés !
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