
La circulation des voitures en centre-ville doit s’adapter à la fermeture partielle du pont Anne de Bretagne, un axe majeur fermé pour un an aux véhicules à moteurs. Une vexation de plus pour les usagers priés de se plier à la «bifurcation écologique» entamée par la ville.
Le Figaro Nantes
Presque comme un air de Paris sur Loire. Rues condamnées, rétrécissements de chaussée, déviations, travaux… Les automobilistes nantais ont pris l’habitude de traverser une ville en cours de métamorphose, reforgée à l’aune de la «bifurcation écologique», le nouveau mantra de la majorité rose-verte au pouvoir. Au retour des vacances de printemps et des congés de mai, cette bifurcation a cependant revêtu un nouvel avatar : celui d’une pagaille et de bouchons accrus autour du pont d’Anne de Bretagne, un ouvrage central reliant le centre-ville à l’île de Nantes. Un axe interdit aux voitures pendant un an, le temps de travaux préliminaires à l’élargissement du pont.
Cette artère bouchée, le flot d’automobiles se déverse par conséquent dans les quartiers immédiatement adjacents, en une hémorragie de moteurs grognant par intermittence et de conducteurs au regard las. Mardi matin, le 14 avril, un flux ininterrompu de véhicules inondait les abords de l’église Notre-Dame de Bon-Port ou encore la petite rue Charles Brunellière, débouchant sur un quai de la Fosse engorgé. Au volant de sa Renault, Mathias confirme que la situation a empiré depuis la fin des vacances. «Pour être resté à Nantes ces dix derniers jours, c’est effectivement la nuit et le jour au niveau des embouteillages. C’est à dépiter de prendre la voiture».
«Une vision dogmatique de la voiture»
En contrebas, au quai de la Fosse, une masse grouillante de voitures, de trams, de cyclistes, trottinettistes et autres piétons remue devant l’accès partiellement fermé au pont Anne de Bretagne. Dans l’empressement des débuts de journée, un groupe d’étudiantes manque de se faire bousculer par une femme en vélo-cargo, ses deux enfants en bas âges ravis de l’animation. Frédéric, lui, accompagne sa fille en Tesla. Il préfère voir le verre à moitié plein : «Ça ira mieux après les travaux. En attendant, il suffit de partir un peu plus tôt de chez soi».
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Pierre Chasseray est moins conciliant. Délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes, le défenseur des voitures revient alarmé d’un séjour à la cité des Ducs. «Nantes, c’est le déclin de l’automobile : la ville est en passe de devenir un enfer excluant, barré des voitures par un véritable rempart», assène-t-il. Non loin du pont temporairement fermé aux voitures, le temps de rénover les réseaux souterrains centenaires, une partie du parking de la Petite Hollande est également fermée pour travaux. En 2026, les quelque 1200 places du site devraient avoir disparu. Début mai, la ville a également présenté un projet de grande coulée verte reliant l’Erdre à la Loire. Un programme qui impliquera la transformation en jardin du parking Duchesse Anne, situé non loin du château des ducs de Bretagne.
La situation est dramatique, à l'image de l'impuissance de la ville sur le sujet de la sécurité
Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes
Face à cet horizon alarmant, Pierre Chasseray pointe du doigt l’obstination de la maire de Nantes, Johanna Rolland (PS). «Elle a une vision dogmatique de la voiture, basée sur la contrainte. La situation est dramatique, à l’image de l’impuissance de la ville sur le sujet de la sécurité. En piétonnisant des rues, la maire de Nantes a créé des déserts vides et anxiogènes en centre-ville».
La situation n’étonne guère l’élu d’opposition Guillaume Richard (Horizons). Le conseiller municipal et métropolitain s’afflige de la nature «avant tout politique» du réaménagement du pont Anne de Bretagne, et du manque d’anticipation des autorités vis-à-vis des commerçants du boulevard Léon Bureau, également fermé le temps des travaux. «Ils n’ont été prévenus qu’une poignée de mois avant, alors que cela fait des années que ce projet est à l’étude, ce n’est pas sérieux. C’est placer l’idéologie avant les impacts concrets de ces chantiers». L’élargissement de l’ouvrage devrait le transformer en un «pont-nature» agrémenté d’un jardin suspendu et traversé de voies de tramway. La livraison du pont rénové et agrandi est programmée pour 2027.
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