
Les Toyota RAV4 et Lexus NX et UX ont le triste privilège d’occuper les trois premières places du classement des modèles les plus volés en France en 2023 établi par le GIE Argos (Groupement des assureurs français pour l’identification et la restitution des véhicules volés). Comme si cela ne suffisait pas à priver de sommeil leurs propriétaires, ces véhicules constituent une proie de choix pour les voleurs de catalyseurs. Un organe indispensable du système de dépollution, qui coûte environ 3 000 euros à remplacer, chez le concessionnaire.
Fondateur du Garage Pacemaker qui se spécialise dans l’entretien des véhicules hybrides des marques Honda, Toyota et Lexus, Sébastien Meunier explique que si le catalyseur coûte si cher, c’est en raison des quelques grammes de métaux précieux qu’il contient. « Principalement le platine pour les moteurs Diesel ; le palladium et le rhodium, pour les moteurs à essence ». Le rhodium, en particulier, a vu son cours augmenter de 350 % entre 2020 et 2022, pour finalement dépasser celui de l’or, l’an dernier. La Russie en est le second exportateur mondial, après l’Afrique du Sud. Quant à l’Ukraine, elle produit 40 % environ du palladium.
L’ablation du catalyseur rapporte gros
Les quantités contenues dans un catalyseur sont relativement modestes, de l’ordre de 3 à 7 grammes de platine et de palladium, et de 2 grammes de rhodium. Mais à raison d’une trentaine d’euros le gramme pour les premiers et de 100 à 130 euros le gramme de rhodium, « la revente d’un catalyseur rapporte gros, entre 150 et 300 euros pièce », confirme Arnaud Batard, directeur de Catalyseur-auto.com.
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Cette entreprise recycle les catalyseurs des véhicules en fin de vie et fabrique des éléments neufs adaptables en rechange. A ce titre, elle sait parfaitement quels catalyseurs contiennent le plus de métaux précieux. Elle confirme ce que les voleurs savent depuis longtemps : Toyota compte parmi les constructeurs les plus généreux. Car sa politique de rationalisation des fabrications l’incite à « monter sur ses hybrides vendues en Europe le catalyseur surdimensionné pour le marché californien, plus contraignant en matière de dépollution des gaz d’échappement ».
Toyota est le plus visé, mais toutes les marques sont concernées
De l’aveu même du constructeur, ses modèles les plus visés sont « les berlines Toyota Prius de seconde (2004 à 2009) et de troisième génération (2009 à 2016), ainsi que la berline et le break Toyota Auris de seconde génération (2012 à 2018) ». Si ces modèles déjà âgés attirent autant les voleurs, c’est en raison de leur forte diffusion et d’une demande soutenue en pièces de rechange.
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Les Toyota plus récentes sont moins intéressantes, car leurs catalyseurs « contiennent des quantités de métaux précieux nettement moindres, du fait des progrès techniques accomplis dans le traitement des gaz polluants ». De surcroît, les exigences de la norme Euro 6 incitent Toyota comme le reste des constructeurs à installer le catalyseur toujours plus près du moteur, en un point moins accessible que sous le plancher.
Voilà une bonne raison pour les voleurs de s’attaquer aux voitures plus âgées. « En règle générale, plus un modèle est âgé, plus il contient de métaux précieux », confirme Sébastien Meunier. Citons par exemple la Renault Clio 1, produite de 1990 à 1998. Plus récentes, les Peugeot et Citroën à moteur Diesel HDi des années 2000 contiennent plus de platine que la moyenne.
Les vols de catalyseurs sont à la baisse
Toutefois un ralentissement de la fréquence des vols en France a été constaté « depuis la fin de l’été 2023, quand le cours des métaux a connu une accalmie », constatent nos témoins. Le ministère de l’Intérieur n’est pas en mesure de confirmer cette tendance, puisque ses statistiques de vols d’accessoires de voitures ne font pas le détail entre les catalyseurs, les roues et les phares dérobés. En revanche, aussi bien l’entreprise Catalyseur-auto.com que le Garage Pacemaker observent un ralentissement des ventes de plaques de protection contre le vol de catalyseur.
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« C’est un signe qui ne trompe pas, car 95 % de nos clients passent commande à la suite d’un vol et non pas à titre préventif », regrette Arnaud Batard, qui a vendu depuis mai 2022 « environ 2 000 plaques antivol ». Score similaire pour Sébastien Meunier, qui s’est lancé un an plus tôt, en concevant ses propres plaques, qu’il fait fabriquer en France.
La plaque de protection antivol retarde le voleur
La plaque de protection s’avère d’une simplicité désarmante : une simple tôle d’acier découpée et pliée à la forme requise pour se boulonner sous le châssis de la voiture et obturer ainsi l’accès au catalyseur. « Cet accessoire n’offre pas une garantie absolue contre le vol », concèdent les vendeurs. Mais à la manière d’une canne antivol verrouillée à travers le volant de direction, « la plaque de protection constitue une entrave certaine, qui fait perdre un temps précieux au voleur ». Avec un peu de chance, il renonce et passe au véhicule suivant.
Or, la rapidité d’action est la clé de la méthode de vol. « Moins de deux minutes suffisent pour tronçonner les tubes d’acier aux deux extrémités du catalyseur », confirme Sébastien Meunier qui qualifie de légende urbaine la rumeur selon laquelle ce sont des enfants qui se glissent sous les voitures. « Tandis qu’un adulte lève un côté de la voiture au cric hydraulique, son compère s’allonge et opère avec un coupe-tube à chaîne ou bien une scie sabre électrique. Le temps que le voisinage s’éveille et comprenne ce qui se passe, tout est fini. » De quoi réduire à néant le pouvoir (vaguement) dissuasif de la sirène de l’alarme anti-soulèvement de la voiture.
Gare au coût de la franchise d’assurance !
En fonction du modèle et du fabricant, l’installation d’une plaque de protection antivol sous votre voiture revient à environ 200 euros. « C’est moins que la franchise que vous réclame votre assureur », observe un réparateur du réseau Suzuki, confronté comme tant d’autres à cette épidémie de vols. En fonction de la couverture souscrite, le montant de la franchise varie entre 250 euros et 450 euros environ.
Mais Sébastien Meunier met en garde : « Certains de mes clients victimes d’un premier vol étaient réticents à faire installer une plaque, au regard de la modestie du montant de la franchise. Toutefois, ceux qui ont la mauvaise surprise de voir revenir les voleurs ont été radiés, purement et simplement par leur assureur au bout du deuxième ou du troisième sinistre. » C’est ce qui est personnellement arrivé au Garage Pacemaker, quand quatre de ses véhicules ont été dépouillés en 2021, puis neuf autres en 2022.
Un réseau de revente bien établi
Le catalyseur ne porte aucun numéro de série : il est par conséquent impossible de l’identifier et de le rattacher à un véhicule en particulier. Cette forme d’anonymat facilite sa revente à des professionnels du recyclage disséminés partout en Europe, peu regardants sur l’origine des pièces qu’on leur apporte. Le catalyseur usagé est assimilé à un déchet, propre à être recyclé et valorisé comme n’importe quelle autre ferraille.
En Angleterre et aux États-Unis, les autorités policières recommandent de reproduire sur le catalyseur le numéro de série du véhicule ou bien le numéro de la plaque d’immatriculation (gravage ou bien encre invisible). Mais « il n’est pas certain que cela fera hésiter le voleur », tempère Sébastien Meunier. Le seul avantage est « si par miracle, la pièce venait à échouer entre les mains d’un agent des forces de l’ordre, alors elle pourrait être identifiée et restituée. »
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La probabilité d’une telle éventualité semble faible. Quand bien même il y aurait restitution, elle arriverait tardivement et n’arrangerait pas les affaires de l’automobiliste. Car la victime d’un vol ne tarde généralement pas à faire remplacer son catalyseur : sans cette pièce, le moteur émet un bruit assourdissant, exactement comme si le système d’échappement avait perdu son silencieux. Invivable.
De surcroît, un véhicule dépourvu de son pot catalytique ne peut plus circuler légalement : ses gaz d’échappement sont trop polluants (article L318-3 du Code de la Route). L’amende est assurée, tout comme l’échec au contrôle technique.
A quoi sert le catalyseur sur une voiture ?
Le catalyseur est obligatoire sur toutes les voitures vendues depuis 1993 (introduction de la norme Euro 1). Cet organe de la ligne d’échappement contient au moins trois métaux précieux : souvent du rhodium, combiné avec du palladium, du platine, de l’oxyde de césium, de l’alumine ou bien du radium. Ces métaux tapissent un élément filtrant en céramique à structure en nid d’abeille, au sein duquel est assurée à une température de 400 °C la transformation du monoxyde de carbone, du dioxyde d’azote et des hydrocarbures imbrûlés en éléments moins nocifs (eau, diazote et dioxyde de carbone).
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